l'ANR Col&Mon organise, du 10 au 12 mai prochain, un colloque international intitulé "Évêques et communautés religieuses dans le royaume de France et ses marges (816-1563) - Stratégies politiques, enjeux, confrontations", dont Mme Caby, membre du CIHAM, assurera les conclusions.
Le programme ANR COL&MON a pour principal objet l’analyse spatiale de l’implantation des communautés religieuses entre 816 et 1563 dans la confrontation ou le rapprochement entre réguliers et séculiers, les évêques sont le point de jonction entre ces communautés par leur rôle de chef de l’autorité diocésaine, de tutelle ordinaire. Le colloque du 10-12 mai 2017 s’attachera, dans une perspective résolument comparatiste, à envisager de manière conjointe monde canonial et monde monastique dans un large royaume de France incluant les diocèses périphériques (Flandre, Lorraine, Bourgogne comtale, Provence, Dauphiné) et à examiner la différenciation des attitudes des évêques envers les communautés monastiques d’un côté et canoniales de l’autre. La question est d’autant plus pertinente que si l’historiographie s’est récemment penchée sur la question de l’évêque et de son territoire ou celle de la spatialisation des pouvoirs épiscopaux, monastiques et canoniaux, elle s’est peu interrogée sur le positionnement de l’ordinaire vis-à-vis de la vie communautaire de son clergé diocésain et l’existence ou non de stratégies propres en lien avec des politiques ecclésiastiques plus globales. Par ailleurs, les communautés canoniales séculières relèvent systématiquement de l’autorité épiscopale (sauf de très rares exemples d’exemption) et n’ont donc que le diocèse pour cadre alors que les communautés régulières peuvent aussi relever d’une autorité extra diocésaine quand elles sont intégrées à une congrégation ou à un ordre, ou qu’elles sont exemptes. La dépendance plus ou moins grande des communautés régulières envers l’évêque les distinguent-elles alors les unes par rapport aux autres ? De même, les rapports avec l’évêque sont-ils différents entre des communautés dirigées hors diocèse comme les Clunisiens ou les couvents mendiants ? La spécificité des communautés féminines retiendra également l’attention et permettra de s’interroger sur l’existence ou non d’une politique épiscopale genrée.
Depuis l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, les évêques et les communautés religieuses, cléricales ou monastiques, font partie intégrante des élites sociales et politiques et se conçoivent difficilement les uns sans les autres. Les premiers, par leur ministère, sont les consécrateurs des églises et ceux qui les réconcilient, ils ordonnent les clercs et ont, au Moyen Âge, clairement fondé leur puissance sur leur emprise territoriale. Les seconds utilisent ou contestent la tutelle épiscopale pour asseoir et développer leur puissance. Sur une chronologie qui court de la réforme carolingienne au concile de Trente, en privilégiant donc l’intégration comparatiste de différents types de communautés religieuses, régulières et séculières, le propos de ce colloque sera d’envisager différents aspects des relations entre ces deux pôles et d’examiner l’action épiscopale déployée dans les diocèses à destination particulière des établissements collectifs. Ces communautés religieuses sont définies surtout comme communautés canoniales et monastiques, y compris les ordres militaires, ce qui n’exclut pas pour autant les Mendiants et intègre aussi tout le pan des relations entre évêques et chapitres cathédraux.
ANR Col&Mon
Grenoble, Université Grenoble Alpes, Amphi MSH-Alpes