FEMMES ENFERMÉES DU XIIe SIÈCLE :
« ALIÉNOR, HÉLOÏSE ET QUELQUES AUTRES »
Notre collègue Laurence MOULINIER-BROGI vient de publier un article au sein du numéro 14 de la revue De Medio Aevo. Retrouvez ce texte sur le site de la revue.
« À la faveur d’une expérience inédite, celle du confinement à l’échelle mondiale pour cause de pandémie, cet article propose une réflexion sur l’enfermement d’une partie seulement de l’humanité, les femmes, à une époque donnée, le XIIe siècle, comme une modeste contribution à l’histoire des rapports de sexes au Moyen Âge. Différentes femmes, en effet, subirent ou au contraire recherchèrent à cette époque isolement et réclusion : dans tous les cas, leur solitude était liée aux hommes, qui leur inspiraient le retrait comme une solution pour échapper au mariage et à la sexualité, ou le leur imposaient pour se débarrasser de leur compagnie devenue indésirable. On se demande donc ici quels sont les visages et les points communs des diverses formes de relégation qui avaient cours, quelle résistance les femmes purent y opposer, mais aussi quelles furent ses limites : la solitude choisie par certaines comme gage de paix et de sécurité signifiait-elle oubli de la part du monde et purent-elles vraiment rester seules ? Les recluses pouvaient-elles vraiment subvenir seules à leurs besoins ? Les épouses emprisonnées ne gardèrent-elles pas des échanges avec le monde extérieur, notamment masculin ? Au terme de ce parcours, la solitude absolue au féminin semble plus un idéal qu’une réalité car même dans les cellules les plus austères, les femmes pouvaient difficilement se passer complètement des hommes. En revanche, l’enfermement les en protégeait physiquement dans une large mesure, laissant dans de nombreux cas à d’autres types d’amour que charnel la place de s’épanouir. »
Laurence MOULINIER-BROGI