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LiBer

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Les Décades de Bersuire,

première traduction française de l'Histoire romaine de Tite-Live

 

Financement : Agence nationale de la recherche (ANR)

 

Durée : 2021-2025

 

Responsable scientifique : Marylène POSSAMAÏ

 

Partenaires : ATILF, CIHAM, École nationale des chartes-PSL, Sorbonne Université

Responsable pour ATILF : , Bertrand GAIFFRE, Gilles SOUVAYE

Responsable pour École nationale des chartes-PSL : Frédéric DUVAL

Responsable pour Sorbonne Université : Joëlle DUCOS

 

Présentation

Le projet s’intéresse à la réception de l’Histoire Romaine de Tite-Live, dont l’influence sur les conceptions historiques et politiques occidentales a été déterminante. Cette réception est tributaire de la transmission, en unités autonomes (le plus souvent des décades, groupes de 10 livres) d’une œuvre immense (142 livres). Une telle ampleur a causé la disparition de sa plus grande partie, certainement dès la fin de l’Antiquité. Les seules décades à avoir circulé au Moyen Âge sont la 1re, la 3e et la 4e. La première moitié de la 5e ne sera retrouvée qu’au XVIe s. C’est au début du XIVe siècle que Tite-Live est « remis à l’honneur » (F. Duval). Le pape Jean XXII charge à Avignon le dominicain anglais Nicolas Trevet de rédiger un commentaire (le premier) de l’Histoire Romaine (ca 1318). Pétrarque, dont le rôle dans le regroupement des trois décades alors connues est aujourd’hui fortement réévalué, est un illustre exemple de la fascination exercée alors par Tite-Live. Il le cite fréquemment dans ses lettres, ses sonnets ou ses traités, et fait du Scipion de la 3e décade le héros de son épopée latine, l’Africa. Une traduction italienne de Tite-Live est attribuée à Boccace.

Pierre Bersuire traduit en français ces trois décades, dans une rédaction dédicacée au roi Jean le Bon (achevée fin septembre 1358), qui sera remaniée après sa mort, par deux fois sous le règne de Charles V. Nous avons conservé une soixantaine de manuscrits complets ou partiels, signe du succès important de ce texte, qui a en outre été imprimé trois fois et réécrit ensuite à plusieurs reprises. Ainsi Jean Mansel livre « un remaniement parfois à peine abrégé de la traduction de Pierre Bersuire » (F. Duval, Miroir des Classiques). Cette diffusion se poursuit encore (ce qui est assez rare pour une traduction médiévale) avec le remaniement de Laurent de Premierfait, une cinquantaine d’années plus tard, ou l’abrégé d’Henri Romain, composé avant 1466.

Le texte de Bersuire peut donc être considéré comme l’un des premiers jalons de l’humanisme naissant et de la redécouverte des textes antiques. Il a contribué à l’enrichissement lexical et à la connaissance de la civilisation romaine et de ses institutions politiques. Par exemple les premiers exemples de l’emploi du mot « suffrage » dans le sens de « vote » viennent des Décades de Bersuire. Il a parfaitement saisi certains aspects de Tite-Live, même si d’autres lui ont échappé. Notre enquête se propose de dépasser ce constat général, qui serait au fond valable pour toute la réception de l’Antiquité par le Moyen Âge, pour le remplacer par des connaissances plus précises et plus systématiques. À l’heure actuelle, le texte de la traduction de Bersuire n’est toujours pas édité, nous ignorons même quelle version du texte de Tite-Live il a traduite, et nous connaissons mal les instruments de travail dont il s’est servi. 

Le présent projet comporte trois grands volets. Une approche philologique pour enquêter sur les sources de Bersuire, le contexte intellectuel, le type de manuscrit qu’il a pu utiliser et les résonnances de sa traduction. La réalisation concrète du travail, l’édition numérique du texte et sa traduction en français moderne, mettra ce texte pour la première fois à la disposition des chercheurs. Un second volet linguistique centré sur l’étude de cette traduction, de ses procédés linguistiques et particulièrement lexicaux, sur l’examen de la nature et de l’ampleur de son influence sur la constitution de la langue française, et particulièrement du lexique politique. Enfin, Une approche historiographique, enfin, visant à prendre la mesure de son rôle dans la construction de la science historique occidentale (plusieurs traductions de l’Histoire Romaine de Tite-Live reposent sur celle de Bersuire, en Espagne, Italie, Grande Bretagne, aux XVe et XVIe s.).