le 11 Novembre 2013 à 10h00
Par Cyrille AILLET (Université Lyon 2, CIHAM-UMR 5648)
et Patrice CRESSIER (CNRS, CIHAM-UMR 5648)
Lieu : Centre National de Recherche en Archéologie ( Dar El Hamra )
03, Rue Mohamed Bouras, Basse Casbah - Alger
www.cnra.dz - Email : contact@cnra.dz
Résumé :
À huit kilomètres au sud-ouest de Ouargla s’étend le site archéologique de Sedrata, plusieurs fois fouillé depuis le XIXe siècle, en particulier par Marguerite van Berchem. Il nous renseigne en réalité sur l’histoire de Wârjlân, un carrefour majeur du commerce panafricain et un foyer de culture pour l’ibadisme maghrébin jusqu’à sa destruction au VIIe/XIIIe siècle. Ce lieu auréolé de légendes fait l’objet d’une ziyâra annuelle qui met en scène les enjeux d’une mémoire historique contrastée, entre nostalgie de l’âge d’or et déploration de la chute.
Après plusieurs années de maturation, nous achevons à présent une monographie consacrée à cette cité saharienne, que nous espérons constituer le point de départ de nouvelles entreprises. Nous présenterons donc les principaux résultats et questionnements d’une recherche qui confronte
des données textuelles et archéologiques inédites relevant des temporalités médiévale et contemporaine (XIXe-XXe siècles).
Dans la première partie de l’exposé, il sera tout d’abord question de la place de Wârjlân dans la géopolitique et l’économie du Maghreb médiéval. À une échelle plus fine, nous réfléchirons sur les structures et la nature du peuplement, l’organisation spatiale, l’exploitation des ressources locales, et la société elle-même. Nous verrons en outre comment la géographie médiévale du sacré possède son lointain reflet dans l’itinéraire de la ziyâra. Il sera d’ailleurs question en dernier lieu de la mémoire posthume de Sedrata, des utopies coloniales qui accompagnèrent la conquête du Sahara aux essais d’interprétation historique les plus récents.
La seconde partie sera consacrée à un bilan critique des connaissances acquises sur le site de Sedrata par les archéologues qui y sont intervenus de la fin du XIXe à la fin du XXe siècle. Seront ainsi évoquées l’organisation spatiale de cette ville oasienne, l’hydraulique particulière sur laquelle elle
fonda sa prospérité, la question des édifices de culte, les caractéristiques de ses maisons, ou encore la spécificité des décors architecturaux.
Chacune de ces facettes de la culture matérielle éclaire d’une façon qui lui est propre l’image de la ville médiévale que nous essayons de reconstituer. Pour positif qu’il soit, ce bilan souligne aussi les profondes lacunes de notre connaissance de ce grand pôle maghrébin. C’est en tenant compte de celles-ci qu’il est possible de tracer les grands traits de ce que pourrait être une nouvelle politique d’intervention archéologique sur ce site exceptionnel, dont l’exposition aux agressions de la croissance urbaine de Ouargla va en s’accélérant.
Par Cyrille AILLET (Université Lyon 2) et Patrice CRESSIER (CNRS)
Algérie - CNRA : 03, Rue Mohamed Bouras, Basse Casbah - Alger